Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/418

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

    Aussi fais en beaux draps vestir,
    En viande fresche et nouvelle.
    Violettes en leurs saisons
    Et roses blanches et vermeilles
    Voi volontiers, car c’est raison, »

« Cette confession est explicite », dit avec raison un biographe qui la donne un peu plus au long et ne s’est pas fait scrupule, comme nous, de reproduire tel ou tel passage qui trahit chez le poète des goûts plus mondains encore. « On voit que la chasse, la musique, les joyeuses assemblées, les danses, la parure, la bonne chère, le vin et les dames tinrent de bonne heure une grande place dans la vie de Froissart. Mais il trouva aussi du temps pour l’étude. »

À bien dire cette vie se passa surtout à voyager, non pour le seul plaisir de voir du pays, mais, comme il nous l’apprend, dans un but plus sérieux :

« Je cherchai la plus grande partie de la chrétienté, et partout où je venais, je faisais enquête aux anciens chevaliers et écuyers qui avaient été en faits d’armes et qui proprement en savaient parler, et aussi à aucuns herauts de crédence, pour vérifier et justifier toutes matières. Ainsi ai-je rassemblé la haute et noble histoire et matière, et le gentil comte de Blois dessus nommé y a rendu grande peine ; et tant comme je vivrai, par la grâce de Dieu, je la continuerai ; car comme plus j’y suis et plus y laboure, et plus me plaît ; car ainsi comme le gentil chevalier et écuyer qui aime les armes, et en persévérant et en continuant il s’y nourrit parfait, ainsi en labourant et ouvrant sur cette matière je m’habilite et délecte. »