Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/437

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des sentiments de religion aussi sincères que profonds. Comme Pascal, il s’anéantissait devant la grandeur de Dieu ; une teinte de l’âme de Fénelon émoussait en lui le rigorisme ; et comme il se croyait sans mission pour amener les autres à ses opinions, il se borna à prêcher d’exemple[1]. »

J’estime que, bien loin d’accuser l’orateur d’imprudence, on ne pouvait que le louer de la franchise et de la netteté de son langage. On a d’autant plus lieu de croire qu’il était sincère et que la passion des auditeurs, seule, interprétait son langage en sens contraire, que la conduite de Des Genettes ne le démentit point à l’instant solennel, M. Is. Bourdon lui-même le proclame loyalement : « Quelle qu’eût été son opinion, quinze ans plutôt, sur la foi docile de Hallé, son collègue de chaire, sa fin ne fut ni moins résignée, ni moins exemplaire et chrétienne, tant l’espérance en Dieu, tant la foi sont un rapprochement digne des grands esprits. »

En dépit de sa vie agitée et occupée, l’illustre docteur a laissé de nombreux écrits relatifs à la science médicale et aussi des Mémoires dont deux volumes seulement ont été publiés et que sa mort, arrivée en 1837 (2 février), ne lui permit pas de terminer. Il était alors, et depuis 1832, médecin en chef des Invalides. L’empereur l’avait créé baron en 1809 et, « il n’avait garde de l’oublier, lui qui eût renoncé à toute son hygiène plutôt qu’à sa noblesse, il est vrai, fort méritée » dit toujours avec le même accent le rédacteur presque narquois de la Biographie universelle qui ne paraît point du tout désireux d’apporter sa pierre au piédestal de notre héros.

  1. Éloge de M. Hallé, in 8º, 1823.