Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/91

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rait étouffer sur ses lèvres le cri de la vérité. Écoutons : « N’en doutons pas, mes très-chers frères, c’est par le débordement de nos crimes que nous avons mérité cette effusion des vases de la colère et de la fureur de Dieu. L’impiété, l’irréligion, la mauvaise foi, l’usure, l’impureté, le luxe monstrueux se multipliaient parmi vous : la sainte loi du Seigneur n’y était presque plus connue ; la sainteté des dimanches et des fêtes profanée ; les saintes abstinences ordonnées par l’Eglise et les jeûnes également indispensables violés avec une licence scandaleuse, les temples augustes du Dieu vivant devenus pour plusieurs des lieux de rendez-vous, de conversation, d’amusements ; des mystères d’iniquité étaient traités jusqu’au pied de l’autel, et souvent dans le temps du divin sacrifice ; le Saint des saints était personnellement outragé dans le très-saint Sacrement par mille irrévérences et par une infinité de communions indignes et sacriléges !… si donc nous éprouvons combien il est terrible de tomber entre les mains d’un Dieu en courroux, si nous avons le malheur de servir d’exemple à nos voisins et à toutes les nations, n’en cherchons point la cause hors de nous. »

Ce langage paraîtra peut-être sévère à quelques-uns aujourd’hui, mais il ne semblait que juste à ceux qui l’entendaient. Ils savaient d’ailleurs ce qu’il en coûtait pour parler ainsi à leur saint évêque qu’ils avaient vu, qu’ils voyaient sans cesse donner l’exemple de l’absolu dévouement, comme il avait fait naguère de toutes les vertus. Son zèle, disent à l’envi les historiens, son zèle le multiplie en quelque sorte ; on le voit parcourir les rues à travers des monceaux de cadavres infectés ; il