Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour ses vertus austères sans rudesse fut toujours conservé, dans le cabinet du fils adoptif de Buffon.

Il est difficile au reste de ne pas donner un mobile supérieur et non simplement naturel aux vertus qu’on admirait chez cet homme rare, qui fut véritablement un homme de bien : « Ceux qui ne l’ont pas connu, dit Villenave, s’étonneront et pourront seuls douter : mais s’ils savent que, par ses talents et par ses vertus, M. de Lacépède honora son siècle, ils ignorent peut-être qu’il semblait ne pas appartenir à son siècle par l’humble sentiment d’un mérite élevé, par la candeur native de son âme, par l’exercice habituel et sans faste de toutes les vertus. Ils ignorent que toutes les vertus, en restant pour lui des devoirs, devenaient des sentiments et que ces sentiments composaient ses habitudes et sa vie. »

Lacépède pouvait donc en toute simplicité se rendre à lui-même ce témoignage : « Voilà vingt-six ans écoulés depuis le commencement de la Révolution, écrivait-il, pendant ce temps si orageux, Dieu m’a fait la grâce de ne jamais manquer à la loyauté, à l’honneur, à l’obéissance due aux lois et au gouvernement établi ; et je n’ai rien négligé pour bien connaître la route que le devoir me prescrivait, et pour ne m’en écarter dans aucune circonstance quels que fussent les intérêts ou les sentiments qui tendissent à m’en détourner. »

Le deuil causé par cette mort ne se renferma pas dans la famille ou les amis. L’enceinte de l’église d’Épinay disposée pour les obsèques ne pouvait guère contenir que les parents, les amis, les députations de la Chambre des Pairs, de l’Institut, etc. ; cependant les habitants du village arrivaient en foule, demandant que l’église aussi