Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/112

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à peine un écolier. Quel souffle puissant, quelle inspiration sublime dans certaines pièces des Méditations, des Harmonies et même des Recueillements ! Il suffit de citer l’Homme où se lit ce magnifique vers dont Lamartine n’a pas assez gardé souvenir :

      C’est pour la vérité que Dieu fil le génie !


et les superbes pièces, l’Immortalité, Dieu, la Prière, les Étoiles, Bénédiction de Dieu dans la solitude, l’Infini dans les Cieux, Bonaparte, etc, autant de chefs-d’œuvre qui, par la splendeur de la forme, la sublimité des idées, ce flot de poésie nouvelle, jaillissant comme d’une source intarissable, seront à toujours des modèles faits pour provoquer l’admiration et l’enthousiasme. Pourquoi faut-il qu’à côté de ces merveilleux poèmes, à quelques pages de distance, parfois au verso même, on en lise d’autres d’un accent si différent, par exemple cette inconcevable, cette inexcusable pièce du Désespoir éclatant comme l’hymne du doute, et avec de si horribles blasphèmes assez froidement réfutés dans la pièce qui suit : La Providence à l’homme, écrite, si l’on en croit certains commentaires, moins par conviction que par condescendance pour la mère du poète. On a peine à comprendre cette frénésie de scepticisme, ce cri ou plutôt ce hurlement de colère impie, de la part du poète, comblé de toute manière par la Providence, et qui a écrit les autres pièces, la plupart si vraiment belles et pieuses, surtout ce poème de la Mort de Socrate, irréprochable pour le fond comme pour la forme. Jamais la haute spiritualité n’a parlé une langue plus harmonieuse et