conduisant, couchés dans des voitures bien suspendues, derrière la ligne de bataille, pour les transférer ensuite dans l’hôpital le plus voisin où ils continuent leurs soins jusqu’à la guérison. »
Ces hommes, ce sont les chirurgiens, héros modestes, d’autant plus dignes d’admiration et d’estime, que trop souvent, après la victoire, on oublie leur dévouement et on se montre avare pour eux des récompenses (compris la gloire), prodiguées si largement aux tueurs, comme les qualifie un peu brutalement M. Loménie. Pourtant, parmi les premiers, les sauveurs du soldat, il s’en trouve parfois qui ont fait preuve d’un dévouement si héroïque, au milieu des circonstances les plus terribles, qui ont rendu à l’humanité de tels services que la gloire, et la plus pure, la plus enviable, fait rayonner leur nom de son auréole. Ce nom se trouve un jour sur toutes les lèvres, parce qu’il s’est gravé par la reconnaissance, en lettres de feu, dans des milliers de cœurs. Au premier rang de ces bienfaiteurs de l’humanité, si justement illustres, il faut placer Larrey, dont l’Empereur, en lui léguant par son testament une somme considérable (100 000 francs), disait : « Larrey, l’homme le plus activement vertueux que j’aie rencontré ; il a laissé dans mon esprit l’idée du véritable homme de bien. »
Dans les Mémoires dictés à Sainte-Hélène, on lit également : « Si jamais l’armée élève un monument à la reconnaissance, c’est à Larrey qu’elle doit le consacrer. »
Cette statue, conformément au vœu de l’Empereur, s’élève maintenant dans la cour du Val-de-Grâce ; une