Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/156

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de lui d’annuler les lois destructives de la liberté de la presse ; mais convaincu de leur iniquité, il s’occupait sans cesse des moyens d’en anéantir l’effet, soit en fermant les yeux sur ce que le despotisme avait intérêt de connaître et punir, soit en offrant lui-même aux auteurs, aux libraires le mode (moyen) d’éluder des lois aussi absurdes. »

Ces éloges, comme ceux de Grimm, équivalent pour nous au blâme le plus sévère ; et Malesherbes, il faut bien l’avouer, dans cette première partie de sa vie, est de ceux auxquels peuvent trop s’appliquer les vers énergiques du poète, mort sur un lit d’hôpital :


               …… Ô siècle malheureux !
D’une morale impie, ô signe désastreux !
.   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   
Visitons nos cités, hélas ! que voyons-nous
Qui de l’homme de bien n’allume le courroux !
L’athéisme en désert convertissant nos temples ;
Des forfaits dont l’histoire ignorait les exemples ;
De célèbres procès où vaincus et vainqueurs
Prouvent également la honte de leurs mœurs ;
Tous les rangs confondus et disputant de vices,
Le silence des lois du scandale complices[1].

En 1771, le zèle trop peu mesuré de Malesberbes pour les prérogatives parlementaires le portèrent à composer et publier ses célèbres Remontrances, dont Voltaire lui-même a dit : « Je n’ai pas approuvé quelques Remontrances qui m’ont paru trop dures. Il me semble qu’on doit parler à son souverain d’une ma-

  1. Gilbert, Mon apologie.