Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/168

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assez court, le nombre des religieux habitant des cabanes en planches ou des cellules creusées dans le roc, s’élevait à plus de quatre-vingts. « Depuis nous en avons plusieurs qui ont été faits évêques, dit Sulpice ; car quelle ville ou quelle église n’eut pas souhaité des prélats de l’école de saint Martin ? » Malgré l’attrait pour celui-ci de sa chère solitude, il savait la quitter par ce zèle généreux qui le poussait à la conquête des âmes. L’intrépidité de sa foi aussi bien que le don des miracles dont le Ciel l’avait favorisé, aidaient singulièrement au succès de sa prédication.

Un jour, dans le pays des Eduens (Autun), les habitants l’ayant vu renverser le temple de l’idole, se jetèrent sur lui avec fureur et l’un d’eux tira son sabre pour l’en frapper. Martin, le visage serein, laissant glisser à terre son manteau, tendit son col à l’agresseur qui, soudainement changé, se précipita aux genoux du saint en sollicitant son pardon.

Une autre fois, Martin pressait des païens d’abattre un chêne consacré aux idoles par une superstition séculaire. Après avoir résisté longtemps, ils y consentent mais à la condition que l’apôtre se placerait sous l’arbre au moment de la chute. Martin accepte, se met à l’endroit indiqué, et les haches frappent à l’envi le vieux tronc qu’on s’efforce de précipiter sur lui. L’arbre en effet chancelle et s’incline en menaçant sa tête ; mais, à ce moment même, Martin fait le signe de la croix. L’arbre aussitôt se relève et va tomber de l’autre côté, sans blesser personne d’ailleurs. Tous les idolâtres, témoins de ce miracle, se firent baptiser.

Sulpice Sévère raconte cet autre épisode dont il parle