Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/171

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leur, impudent, ami du luxe et de la bonne chère. Il avait porté la folie à un point étrange ; toutes les personnes même les plus saintes, qui s’adonnaient à la lecture ou se livraient à la pratique du jeûne, étaient par lui dénoncées comme amis ou disciples de Priscillin. »

Martin, à force de représentations, obtint que l’empereur ne versât point le sang de ces malheureux. Tout en réprouvant absolument leurs doctrines, il jugeait suffisante la sentence épiscopale qui excommuniait les hérétiques et les bannissait des églises profanées par leur présence. Mais, après le départ du saint, Maxime, cédant à de nouvelles instances, fit exécuter les coupables. L’évêque de Tours, qui l’avait appris, forcé une seconde fois de revenir à Trêves, témoigna vivement de son indignation en disant : « C’est une chose monstrueuse et nouvelle que la cause de l’Église soit jugée par un juge séculier. » Il refusa d’abord de communiquer avec Ithace et Idace et ne s’y résigna que pour sauver la vie au comte Narsès et au président Leucadius, partisans de Gratien, et auxquels Maxime ne fit grâce qu’à cette condition. Pourtant Martin, en s’éloignant de la cour, ne put se défendre d’une sorte de remords. « Chemin faisant, il était tout triste et gémissait d’avoir été même une heure mêlé à une communion coupable. Soudain un ange lui apparut : « Tu as raison de t’affliger, Martin, lui dit-il ; mais tu n’as pu en sortir autrement. Répare ta vertu, rappelle ta constance, ou crains de mettre en danger non plus ta gloire, mais ton salut. »

Tel est le récit, quant à cet incident grave, de Sulpice Sévère dans ses Dialogues.

Dans un âge avancé déjà, saint Martin s’était rendu à