Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/19

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avait fait perdre ; car le produit de ses ouvrages venait s’ajouter à la pension que l’Empereur lui avait accordée sur sa cassette. Les dernières années de sa vie s’écoulèrent à Montmorency, dans l’Ermitage jadis habité par Rousseau et que le musicien avait acheté. Il y mourut le 24 septembre 1813, après avoir perdu sa femme et ses deux filles dont la cadette, Lucile, montrait pour la musique des dispositions extraordinaires ; car, dès l’âge de 13 ans, elle avait composé la musique d’un petit opéra : le Mariage d’Antonio, joué avec succès à la Comédie Italienne.

Mariée jeune et pas heureuse, elle mourut à la fleur de ses années. On ne peut que plaindre Grétry à qui les affections de la famille faisaient défaut dans l’âge où les infirmités et la souffrance les lui rendaient plus nécessaires. Mais en dépit des honneurs décernés à sa mémoire, et de la gloire qui fait auréole à son nom, l’on est fort tenté de voir dans les malheurs qui affligèrent la vieillesse de l’artiste, un châtiment et une expiation si ce que Fétis nous apprend est exact.

Grétry avait un neveu nommé André Joseph : « Aveugle presque de naissance et littérateur sans talent, il passa presque toute sa vie dans un état de malaise et de souffrance dont son oncle aurait pu le garantir si, moins complètement égoïste, celui-ci avait voulu faire usage de son crédit pour lui faire accorder par le gouvernement quelque portion des secours destinés aux gens de lettres malheureux. Tombé dans la plus affreuse misère, cet infortuné est mort d’hydropisie à Paris, en 1826. »

N’est-il pas à craindre que cette indifférence pour un