Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/214

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voix si profondément émue, au milieu du plus religieux silence, il faisait entendre ces paroles : « C’est un dernier adieu que je veux donner à l’homme de bien, au soldat illustre que la mort nous a enlevé. Lié avec lui depuis quarante ans, j’ai connu toutes ses vertus guerrières, toutes ses qualités de citoyen. J’ai vu tout le bien qu’il a fait ; je l’ai suivi dans la longue carrière qu’il a parcourue au milieu des combats où sa gloire s’est fondée ; partout je l’ai trouvé égal à lui-même, modeste, redoutant presque qu’on s’occupât de lui, qu’on le jugeât capable des actions d’éclat qu’il venait d’accomplir.

« …. À la mort du maréchal Jourdan, le roi nomma spontanément le maréchal Moncey, duc de Conégliano, gouverneur des Invalides ; c’était faire vibrer encore une fois l’orgueil de ces glorieux débris de nos armées qui entourent ici son cercueil ; c’était leur offrir, dans la personne de leur général, un modèle de toutes les vertus.

« Adieu, mon vieil ami, adieu, soldat sans peur et sans reproche. »

« À ces belles paroles, dit un écrivain déjà cité par nous, jeunes et vieux soldats se sont serré la main. La voix du maréchal Soult, disant adieu au maréchal Moncey, avait réveillé dans les âmes tous les nobles et généreux instincts. On oubliait les mesquines passions de la cité, on était purifié par ce contact avec la vieille patrie, le vieil honneur, la vieille gloire ! »

Plaise à Dieu qu’il en soit de même aujourd’hui à l’inauguration de ce monument qui acquitte noblement la dette de la France envers cette héroïque mémoire que naguère Horace Vernet, par un de ses meilleurs tableaux, avait contribué à rendre populaire !