Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/273

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ressé à faire valoir l’ouvrage… Madame de Grignan, au milieu même de l’effervescence contemporaine, disait déjà en bâillant : C’est toujours la même chose ! et sa spirituelle mère l’en grondait.

« …. En général, un trop grand nombre d’hommes, en France, ont l’habitude de faire, de certains personnages célèbres, une sorte d’apothéose après laquelle ils ne savent plus entendre raison sur ces divinités de leur invention. Pascal en est un bel exemple[1]. »

Ce dernier paragraphe, il faut bien l’avouer, va tout droit, que l’auteur y ait ou non songé, à l’adresse d’un de nos contemporains illustres qui, quoique nullement janséniste, a manqué tout à fait de sang-froid quand il s’est agi de juger Pascal. À la vérité, il s’en servait comme d’un argument pour la cause glorieuse qu’il avait à cœur de faire triompher, et c’est là son excuse. Prenant au sérieux et à la lettre « les contes de Madame Perrier » Chateaubriand nous dit, non sans quelque emphase : « Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques ; qui, à seize, avait fait le plus savant traité des coniques qu’on eût vu depuis l’antiquité ; …. qui à cet âge où les autres hommes commencent à peine de naître, ayant achevé de parcourir le cercle des connaissances humaines, s’aperçut de leur néant, et tourna ses pensées vers la religion, qui, depuis ce moment jusqu’à sa mort, arrivée dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite

  1. Joseph de Maistre : De l’Église gallicane.