avec peu de succès, malgré le mérite de ses opéras accueillis avec beaucoup de froideur ou même sifflés, à l’exception d’un seul, la Serva padrona, la Servante maîtresse, applaudie du vivant de l’artiste comme les autres le furent après sa mort. Une malveillance dont la cause nous échappe lui rendit presque toujours le public du théâtre indifférent ou même hostile, au point que, lors de la représentation de son opéra d’Olimpiade, à Rome, non-seulement l’ouvrage fut outrageusement sifflé, mais le pauvre compositeur, qui dirigeait en personne l’orchestre, subit le plus grossier affront : une orange, lancée par une main connue peut-être, vint le frapper à la tête. Ce ne fut pas tout. Un artiste d’un talent bien inférieur, appelé Duni, ayant, à quelque temps de là, fait représenter sur le même théâtre un opéra seria, intitulé Nerone, se vit applaudi avec enthousiasme. Bien plus, la coterie, lâche autant que cruelle, dont Pergolèse était victime, en haine de celui-ci, prodigua ses éloges à Duni et voulut le couronner publiquement. Mais l’auteur ; de Nerone, par un sentiment de généreuse équité qui l’honore plus que ses ouvrages, loin de se prêter à ces misérables calculs, déclara hautement qu’il n’était point digne de cette ovation, méritée bien plutôt par ce Pergolèse qu’on traitait trop injustement en s’obstinant à méconnaître son génie.
Pergolèse rebuté, découragé, renonça pour toujours au théâtre auquel mieux eût valu qu’il ne songeât jamais ; car nous compterions en plus grand nombre encore ses beaux chants d’église où son talent triomphe et qui ont rendu son nom populaire. Sa vie fut trop courte et ne lui permit pas de multiplier les chefs-d’œuvre ; mais