Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/285

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cité rare et une raison au-dessus de son âge, sut comprendre qu’il y avait là un écueil « et que ces promesses faciles d’un pinceau qui semble ne pas rencontrer d’obstacles, se terminent souvent par des résultats dont beaucoup ne s’élèvent pas au-dessus de la médiocrité. » Aussi, loin de s’enivrer de ces premières louanges et de céder à un dangereux entraînement, il ne songea qu’à se compléter par de plus sérieuses études, et de nouveau tourna les yeux vers Rome, cette terre promise qu’enfin il allait lui être permis d’entrevoir, c’est-à-dire d’atteindre.

Les tableaux exposés chez les Jésuites avaient été fort goûtés par un poète italien très-célèbre alors, le cavalier Marini, qui désira connaître le peintre, et il fut si satisfait de sa conversation et de ses manières qu’il lui offrit l’hospitalité dans son hôtel en attendant qu’il pût l’emmener avec lui à Rome, où il ne devait pas tarder à retourner. En effet, son départ même fut plus prompt qu’il ne l’avait pensé, et Poussin, retenu par certains travaux, ne put l’accompagner, à son grand regret ; mais le cavalier lui fit promettre de venir le retrouver prochainement dans la capitale du monde chrétien, afin qu’il pût présenter l’artiste au nouveau pape, Urbain VIII, son ami d’enfance.

Le tableau de la Mort de la Vierge, destiné à l’église Notre-Dame, et pour lequel Poussin était resté à Paris, complètement terminé, l’artiste se mit en route pour l’Italie, tout de bon cette fois, et arrivé à Rome, il s’y vit reçu aussi bien qu’il pouvait l’espérer. Malheureusement, peu de temps après, l’état de santé du cavalier Marini le força de partir pour Naples et il y mourut au