Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/290

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et une lettre même du roi Louis XIII, non moins honorable pour le sujet que pour le prince, pour faire cesser toutes les hésitations de Poussin ; et M. de Chantelou[1], venu à Rome sur ces entrefaites, le ramena en France avec lui (1640). L’artiste avait à cette époque quarante-sept ans.

Au fond du cœur cependant, il ne quittait pas sa chère Italie et Rome sans espoir de retour, bien au contraire, puisqu’il n’avait voulu prendre d’engagement que pour cinq ans, malgré les avantages de sa nouvelle position si grands qu’ils fussent et auxquels il ne faisait pas volontiers le sacrifice de sa tranquillité et de son indépendance. On peut croire surtout que, sous ce dernier rapport, il n’adhéra qu’à contre-cœur et comme forcé et contraint, à la clause du contrat formulée en ces termes dans la lettre de M. de Noyers : « Il reste à vous dire une seule condition qui est que vous ne peindrez pour personne que par ma permission ; car je vous fais venir pour le Roi et non pour les particuliers, ce que je ne vous dis pas pour vous exclure de les servir, mais j’entends que ce ne soit que par mon ordre. »

Cependant l’accueil que reçut l’artiste dépassa de beaucoup son espérance et même toutes les promesses qui lui avaient été faites, et prouve qu’aux yeux de ses contemporains, il était déjà le Poussin de la postérité. Voici comment lui-même, dans une lettre au commandeur del Pozzo nous raconte son arrivée :

« Reçu très honorablement à Fontainebleau, dans le

  1. Conseiller maître d’hôtel du roi, depuis intendant de la maison domaines et finances de Monsieur, frère de Louis XIV.