Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/348

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universelle, intelligente et, le dirai-je, heureuse entre toutes, il a tout compris, tout senti, tout exprimé. Sa peinture s’adresse à tous les esprits, à toutes les facultés, à tous les goûts. Plus qu’aucune autre, elle parcourt dans son étendue entière le clavier de l’âme humaine. Sensible et gracieuse, elle atteint parfois les plus hauts sommets de l’art, et toujours revêtue de beauté, elle séduit facilement l’esprit. C’est dans la réunion extraordinaire des qualités les plus diverses, et dans cette merveilleuse harmonie qu’il faut chercher son originalité et l’explication de la faveur universelle dont elle jouit[1]. »

Cet éloge, si bien formulé et que dans sa très-grande partie ou ne peut qu’approuver, exigerait cependant certaines réserves. Nous les indiquerons plus tard, mais d’abord quelques détails biographiques. Ils seront courts, car dans la vie de Raphaël, si vite abrégée, les plus grands, on pourrait presque dire, les seuls événements, ce sont les œuvres exécutées par lui.

Raphaël naquit, le 6 avril 1483, à Urbino, petite ville sur le penchant des Apennins, entre les hauts sommets de ces Alpes italiennes et la mer Adriatique. Son père, Giovanni Santi, d’où plus tard on a fait Sanzio, appartenait à une famille de condition moyenne et jouissait d’une certaine aisance qu’il devait sans doute plutôt au patrimoine dont il avait hérité de ses aïeux, qu’à son propre talent quoiqu’il fût tout à la fois peintre et poète, et non pas autant médiocre que le prétend Vasari. Dans sa chronique rimée en l’honneur du duc d’Urbin, son protecteur, la verve ne lui fait pas défaut

  1. Ch. Clément : — Michel-Ange, Léonard de Vinci et Raphaël.