Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/353

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la décoration se fit rapidement grâce au zèle du maître et à l’empressement laborieux des élèves, heureux de lui témoigner ainsi leur reconnaissance ; car il était pour tous plein de bonté, de sollicitude affectueuse, tout en conservant cet air d’autorité nécessaire au respect et qui se concilie très-bien avec la douceur et l’aimable condescendance. « Entre ces jeunes gens venus non-seulement de toutes les contrées de l’Italie, mais de tous les pays de l’Europe, dit Vasari, il avait su établir une telle concorde que jamais l’ombre d’une jalousie ne parut les diviser. Sa complaisance à les initier aux mystères de son art était admirable et l’on sentait à son langage qu’il les aimait comme ses enfants. Aussi lorsqu’il sortait de chez lui pour se rendre auprès du pape, qui l’avait nommé l’un de ses camériers ou gentilshommes de la chambre, il était entouré ou suivi de ses élèves au nombre de cinquante tous jeunes gens intelligents et vaillants qui lui formaient un brillant cortége. » On raconte qu’un jour, suivi de cette nombreuse jeunesse, Raphaël, allant aux Stanze se rencontra avec Michel-Ange se rendant solitairement à la chapelle Sixtine.

« Vous marchez avec une grande suite comme un général », dit Michel-Ange sur le ton un peu ironique,

— Et vous, vous allez seul comme le bourreau ! répondit vivement Raphaël.

Cependant, malgré la différence des caractères et du genre de vie des deux artistes, et cette espèce de rivalité régnant entre eux, on aime à voir qu’ils se rendaient justice. Raphaël témoignait en toute circonstance de son admiration pour le génie de Michel-Ange qui,