Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/356

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rable scène qui ne me paraît point assez au-dessus de l’humanité. Si élégants que semblent ces anges, je ne suis pas sûr qu’ils soient descendus du ciel, et cette Vierge, dans sa beauté noble et même un peu fière, me paraît plutôt une Matrone illustre, une Cornélie royale, que la divine Mère au pur et doux visage transfiguré par l’amour céleste. Les deux enfants, si délicieusement modelés, sont trop des enfants ordinaires, en particulier celui qui s’élance du berceau et auquel M. Ch. Clément lui-même reproche « un caractère académique qu’il serait inutile de contester. »

On ne peut se le dissimuler, à cet incomparable artiste il a manqué pour être complet, pour être l’idéal du peintre religieux, non pas la conviction profonde, mais la force de volonté, la sagesse résolue et pratique qui mît toujours la conduite en harmonie avec la sévérité des principes. Au comble de la gloire et de la félicité, dans la fleur de la jeunesse, beau, riche, favorisé de tous les dons du ciel et de la terre, et par là même entouré de mille séductions, Raphaël paraît-il, quoique porté à la vertu et convaincu qu’il devait l’exemple alors que tous les regards étaient fixés sur lui, ne sut pas toujours résister à l’attrait du plaisir. Et peut-être ainsi, pour son malheur et pour le nôtre, ne ménageant pas assez ses forces, si continuellement épuisées par la dévorante activité d’un travail sans trêve, il se vit arrêté presque à la moitié de sa magnifique carrière. Quel sujet d’éternel regret !

Toutefois, on aime à pouvoir le dire pour l’honneur de sa mémoire et en s’appuyant de témoignages positifs, la cause de sa mort ne fut pas celle que, d’après