Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/402

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pour la mère doutant de la vocation de sa fille, comme pour Jeanne qui aimait sa mère tendrement et souffrait de la quitter quoique d’ailleurs elle fût heureuse d’obéir à la volonté de Dieu.

La vocation de Jeanne ne se démentit pas à Paris, encore que, par la délicatesse de sa complexion, augmentée par une extrême sensibilité physique et morale, elle eût beaucoup à souffrir dans les premiers temps de son noviciat. Après une maladie grave, elle dut changer d’air et fut envoyée à la petite communauté de la rue des Francs-Bourgeois St-Michel qui, pendant la Terreur même, grâce à la courageuse entente et à la protection de tous les honnêtes gens du quartier, ne s’était point dispersée. La sœur Tardy, la supérieure, femme d’un grand cœur et d’un grand sens, sut apprécier Jeanne. Aussi le noviciat de celle-ci terminé, elle dit à la supérieure générale :

« Je suis très contente de cette petite Rendu, donnez-lui l’habit et laissez-la-moi. »

Ce qui eut lieu en effet : Jeanne, après avoir fait profession à la maison mère sous le nom de sœur Rosalie, revint, pour ne plus le quitter, au faubourg St-Marceau. Voyons-la sur ce théâtre « digne de son zèle et de son génie », le génie de la charité.

Le faubourg St-Marceau, à cette époque, populeux et mal habité, avait acquis, pendant la Révolution, une redoutable célébrité. Le calme revenu, l’ordre rétabli partout, la misère avait plus que jamais pris possession de ce quartier éloigné où, dans les greniers, les caves, les hideuses mansardes de maisons presque en ruines, végétaient des centaines, des milliers de tristes familles