Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/404

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faisance du 12e arrondissement, nouvellement établi, et qui s’aperçurent vite que personne ne comprenait et ne connaissait mieux que la sœur Rosalie la situation des pauvres ; en échange de ses conseils, ils l’aidèrent de leurs efforts désintéressés comme de toutes les ressources dont ils pouvaient disposer.

Si la sœur Rosalie connaissait si bien les pauvres, c’est que, les visitant sans cesse et à toute heure du jour, elle vivait pour ainsi dire au milieu d’eux et que rien ne pouvait échapper à la clairvoyance de son regard. Quand sa santé ou l’âge et ses fonctions multipliées ne lui permirent plus d’aller les visiter à domicile, du moins aussi souvent, « elle se fit une loi de ne jamais leur fermer sa porte, elle avait toujours du temps pour eux, ils passaient avant tout le monde » ; aussi beaucoup prirent l’habitude de venir chaque semaine faire une visite à leur mère comme ils la nommaient.

Un jour qu’elle était malade avec la fièvre, la sœur de garde à la maison refusa de laisser entrer un homme du quartier qui se plaignit avec l’accent de la colère et si haut qu’il fut entendu de la sœur Rosalie. Celle-ci descendit, écouta sa demande et lui promit de s’en occuper. Dès qu’il fut sorti, elle gronda doucement la jeune sœur de ne pas l’avoir avertie.

« Mais, ma mère, c’était l’ordre du médecin.

— Mon enfant, laissons les médecins faire leur métier et faisons le nôtre.

— Puis, ma mère, cet homme s’emportait.

— Eh ! mon enfant, faut-il s’effaroucher avec ces malheureux d’une parole vive ? Leur cœur est bon si leurs manières sont rudes.