Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/425

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dant son sort plus heureux, régla l’avancement d’une façon plus équitable, créa des écoles régimentaires, etc. Comme ministre de la police, il ne se montra pas administrateur moins éclairé et moins ferme. La capitale de la Bavière était désolée par la mendicité. « Les mendiants, dit Cuvier, obstruaient les rues ; ils se partageaient les postes, se les vendaient ou en héritaient comme nous ferions d’une maison ou d’une métairie ; quelquefois même on les voyait se livrer des combats pour la possession d’une borne ou d’une porte d’église, et, quand l’occasion s’en présentait, ils ne se refusaient pas aux crimes les plus révoltants. »

C’était là véritablement un abus et qui déshonorait la pauvreté par elle-même si respectable. Thomson dut y porter remède en fournissant aux pauvres avec des moyens d’existence un travail que leur zèle et leur activité pouvaient rendre lucratif. « Et, s’il faut en croire Cuvier, pour changer ainsi les déplorables dispositions d’une classe avilie, il ne fallut que l’habitude de l’ordre et des bons procédés. Ces êtres farouches et défiants cédèrent aux attentions et aux prévenances. Ce fut, dit M. de Rumford lui-même, en les rendant heureux qu’on les accoutuma à devenir vertueux : pas même un enfant ne reçut un coup ; bien plus, on payait d’abord les enfants seulement pour qu’ils regardassent travailler leurs camarades et ils ne tardaient pas à demander en pleurant qu’on les mit aussi à l’ouvrage. Quelques louanges données à propos, quelques vêtements plus distingués, récompensèrent la bonne conduite et établirent l’émulation[1]. »

  1. Cuvier. — Éloges et Notices historiques, 3 vol. in 8°