Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/427

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neuf sous de bois. Un personnage justement célèbre par son esprit disait de Rumford que bientôt il ferait ainsi son dîner à la fumée de son voisin.

Les services rendus à la Bavière par Thomson accrurent pour lui l’estime et l’affection de l’électeur qui le créa comte en lui donnant le nom du petit canton où il était né. De plus il le nomma, d’après son désir, ambassadeur en Angleterre ; mais par suite d’anciens usages diplomatiques qui, paraît-il, ne permettaient pas qu’une puissance étrangère fût représentée à Londres par un sujet anglais, Rumford ne put être agréé. Ce déboire qu’il n’avait pas prévu et la mort de l’électeur arrivée sur ces entrefaites, guérirent le comte de l’ambition, et il se résolut à prendre sa retraite. Après un court séjour à Munich, d’où il était revenu de Londres pour le réglement de ses affaires, il quitta la Bavière, voyagea quelque temps en Suisse et vint enfin se fixer en France, à Auteuil, près Paris (1804). Dans cette résidence, alors toute champêtre, habitait la veuve du célèbre Lavoisier, l’une des victimes de la Révolution. « Il (Rumford) plut à cette dame, dit M. Guizot, par son esprit élevé, sa conversation pleine d’intérêt, ses manières pleines de bonté. Tout en lui selon les apparences s’accordait avec ses habitudes, ses goûts, on pourrait presque dire ses souvenirs ; elle espéra en quelque sorte recommencer son bonheur et fut heureuse d’offrir à un homme distingué une grande fortune et une plus agréable existence. »

Vains calculs de la prévoyance humaine si souvent déçus, qui prouvent que, pour cette sainte association du mariage, il faut autre chose qu’une certaine confor-