Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/435

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Après ces détails, la biographie ne nous apprend rien de plus sur Olivier de Serres, si ce n’est la date de sa mort, qui eut lieu au Pradel le 2 juillet 1619. Il avait pu jouir d’ailleurs de sa gloire, car, de son vivant seulement, huit éditions de son livre, paru en 1600 et dédié au roi (Henri IV), se succédèrent rapidement. Neuf autres parurent ensuite, dont la dernière fut publiée à Lyon en 1675. Depuis lors, par un de ces caprices de la vogue plus faciles à constater qu’à expliquer, le Théâtre d’Agriculture cessa de se vendre et par conséquent de s’imprimer. On préféra la médiocre Maison rustique, complétée par Ch. Liébault, à l’œuvre si substantielle et si originale d’Olivier de Serres, dont François de Neufchâteau dit excellemment :

« Les révolutions de la langue française ont fait vieillir, en effet, un grand nombre de livres ; mais il est des auteurs que leur naïveté ou leur précision a sauvés du naufrage des compositions gauloises. Ces auteurs font aimer leur physionomie antique. Ils ont une couleur à eux : la rajeunir, c’est l’altérer, comme on dégrade un vieux palais qu’on s’avise de regratter. Boileau se moque de celui qui avait traduit le français d’Amyot. On ne pourrait pas supporter une version de Montaigne. Nous croyons qu’Olivier de Serres est un peu de la même trempe. L’intérêt d’un livre a trois sources : le sujet, le plan et le style. Le Théâtre d’Agriculture réunit ces trois avantages : le sujet en est bien saisi, l’ordonnance en est simple et grande ; quant au langage de l’auteur, on voit qu’il avait fait d’excellentes études et que les formes de son style sont celles des auteurs classiques. Il jette dans ce moule des notions si justes, des