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LESUEUR. 21

II

Avec le caractère réservé de Lcsueur, avec sa piété sincère, on aurait peine à comprendre qu’il eut accepté de peindre à l’iiùtel Lambert, appartenant au président de Tliorigny « les sujets les moins graves de la mythologie, les amours, les nymphes et les muses », dit M. de Gence, si l’on ne se rappelait la toute-puissance du préjugé régnant alors en faveur de l’antiquité, cpii faisait

dire si étrangement à Boilcau

De la foi d’un chrétien les mystères terribles D’ornements égayés ne sont point susceptibles, etc. Bien plus, un évèque, l’un des plus illustres comme des plus pieux de l’époque, Fénelon, c’est tout dire, n’écrivait-il pas, à l’usage de son royal élève, le 7V//?maque, en déguisant, ou parant, comme on disait alors, des riantes fictions de la Fable ses utiles et précieuses leçons, qui auraient gagné l)eaucoup à être présentées, sans tous ces enjolivements d’emprunt, sous une forme attrayante, sans doute, mais franchement chrétienne. Avec ce préjugé dominant, souverain alors, il est facile de comprendre que Lesueur n’ait pas eu l’ombre d’une hésitation à la lecture de ce programme, quoique assez nouveau pour lui, et qu’il ne se soit pas eftarouché. du choix de pareils sujets qu’il avait vu traiter maintes fois par ses contemporains, voire par le plus illustre d’entre eux, le Poussin. Mais il est juste de dire qu’aucun d’eux, y compris le dernier même, ne fit preuve de plus de réserve « en peignant avec autant d’amabilité que de