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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/357

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glise des carmes. 3i9 (le son asile et on le traîne au milieu du sanctuaire où un coup de sabre lui fend le crâne. Ce fut la dernière victime. Le nombre total des prêtres, massacrés aux Carmes seulement, est évalué à 113 ou 120. Il n’a pu être absolument fixé, parce qu’un certain nombre de prisonniers écbappèrent, les uns, grâce à l’intervention d’amis puissants, qui les avaient fait sortir à l’avance ; d’autres moins nombreux se sauvèrent en escaladant les murs du jardin. De ces derniers fut l’abbé Frontault, comme lui-même le raconte : « Les tambours qui battaient la générale, le son du tocsin, le bruit du canon d’alarme, nous annoncèrent bientôt que le peuple était en fureur, qu’il demandait des victimes, et que nous étions celles qu’on lui destinait. La tranquillité de la prison n’en fut pas troublée un moment. Chacun rentra dans son cœur, rappela sa foi, demanda la grâce de Dieu, lui offrit sa vie et continua en paix ses exercices. La récréation après le repas ne se ressentit pas de la froideur de la mort qui s’avançait. La même gaieté et la même sérénité régnèrent dans la conversation. (( …. Vers quatre heures du soir, un bruit épouvantable, des hurlements furieux, tels que les pousseraient des tigres affamés, pénétrèrent tout à coup dans notre enceinte. La nature parla un moment : des cris de : nous allons périr ! se font entendre. Mais la grâce triomphe bientôt : le plus morne silence annonce que chacun se prépare et se dépouille pour aller au bûcher ou monter à l’échafaud. Je me réunis à plusieurs qui, les yeux fixés sur une image de la sainte Vierge, attendaient de son intercession la force et le courage de ver TOME III. 20