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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/370

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disputent à ceux des ducs et des princes ; les familles des banquiers s’y font faire des caveaux comme faisaient autrefois les Chàtillon et les Montmorency ; à côté du médaillon d’un magistrat s’élève la statue d’une courtisane ou d’un histrion dont le marbre raconte les talents et les vertus. Dans ce nombre infini d’inscriptions funéraires, dont cette enceinte est comme pavée, reparaissent les attachements terrestres dans toute leur misère, c’est-k-dire sans espérance et sans résignation ; elles présentent quelquefois des diffamations et des confidences scandaleuses ; de toutes parts des éloges qui ressemblent à des apothéoses. Ces inscriptions nous apprennent que là sont confondues toutes les religions ; souvent même elles expriment l’indifférence religieuse dans ce qu’elle a de plus révoltant, et en cherchant bien, on y trouverait jusqu’à la profession de foi du matérialiste et de l’athée ^ On rencontre presque à chaque pas de ces pierres sépulcrales couvertes de fleurs sans cesse renouvelées, sans que cette offrande puérile, faite à de froids débris, soit accompagnée de la prière que demandent les âmes des trépassés : ainsi faisaient les païens, il n’y manque plus que leurs libations… (( Enfin, d’espace en espace, la croix y distingue les tombes des chrétiens qui y ont fait bénir les places qu’ils occupent ; et bientôt sans doute il n’y en aura plus pour eux parce qu’il ne restera pas un seul coin de cette terre qui n’ait été profané. » Le sceptique Docteur Noir, dans le Stello de Tigny, ’ Le scandale de ces inscriptions a été porté si loin que, depuis quelque temps, dit-on, il a été nommé des inspecteurs chargés d’cïaminer, d’admettre ou de rejeter les épilaphes. (St-V.)

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