Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/38

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et motivée prouve qu’il ne parlait poiut au hasard ni de ce qu’il connaissait mal ou peu, mais en Aristarque éclairé, consciencieux et d’autant de sens que de goût. On sent qu’il s’était recueilli de longues heures devant les chefs-d’œuvre du maître illustre qu’il a su comprendre et louer dignement comme peintre si, par une regrettable méprise ou le désir exagéré d’ajouter un élément nouveau d’intérêt à cette vie trop courte, il a su moins heureusement nous parler de l’homme. Aussi, pour que le lecteur n’incline point à le juger trop sévèrement, semble-t-il juste de citer cette excellente page entre autres dans laquelle l’œuvre de Lesueur nous paraît dans l’ensemble excellemment apprécié : « Lesueur n’éblouit pas, mais il attache, sa peinture est douce, persuasive, pénétrante ; elle tient le spectateur sous le charme et ce charme est celui de la vertu. Rien de théâtral, ni de recherché, ni d’ambitieux dans son talent ; point d’accessoires parasites ni de mensonges pompeux dans ses œuvres ; partout la mesure unie à l’enthousiasme et cette sagesse de jugement qui, conduisant au beau par le vrai, s’arrête là où il convient au sujet plutôt que là où il pourrait convenir au peintre ; partout cette fécondité d’imagination qui produit facilement, abondamment comme la nature même, et ce pouvoir d’exécution qui ne demeure jamais au-dessous de ce que l’esprit conçoit et de ce que l’àme sent… Quelle variété, quelle aptitude à prendre tous les tons ! Quelle puissance de talent ! Qu’on ne s’y trompe point, c’est à la rigidité même de ses principes modifiée par une àme tendre, une imagination vive, et un génie original que le peintre doit la flexibilité de son style. »

EUSTACHE