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AVERTISS. SUR LES CHRON. DE S. DENIS.

les differentes leçons du Ms. de S. Germain des Prez : et ce qui est dans le texte entre deux crochets, est aussi tiré de ce dernier Ms.

M. l'Abbé le Beuf m’a averti qu’il γ avoit dans la Bibliothèque de Sainte Geneviève un ancien Ms. de ces Chroniques : je l’ai demandé au R. P. Prévôt Bibliothécaire de cette Abbaye, qui me l’a prêté fort obligeamment. Ce Ms. est d’une très-belle écriture : il a été écrit par un Moine nommé Primas, qui l’a présenté à Philippe le Hardi, comme il paroit par la miniature, par les vers François et par les vers Latins qui se trouvent à la, fin de la vie de Philippe Auguste, où finit la première main : car la vie de S. Louis, que l’on voit ensuite, est d’une autre main et plus recente. La miniature représente le Roi Philippe le Hardi assis sur son trône, la couronne en tête et le sceptre à la main : derrière lui sont debout cinq de ses Officiers. Le Moine Primas, un genou en terre, présenté son livre au Roi. Son Abbé qui est derrière lui, reve’tu d’une chape, ayant la mitre en tête et la crosse en la main gauche, étend la droite vers le livre que présente Primas. On voit derrière l’Abbé trois Moines Bénédictins qui sont debout. Au-dessous de la miniature on lit les Vers suivons.

Phelippes rois de France, qui tant (a) iés renomez,
Ge terent le Romanz qui des rois est rouiez.
Tant a eu travaillé qui Priniaz est nouiez,
Que il est Dieu merci parfais et consummez.

L’on ne doit pas ce livre mesprisier ne despire,
Qui est faiz des bons princes dou régné et de l’empire.
Qui souvent i voudroit estudier et lire,
Bien puet savoir qu’il doit eschiveret élire.

E don bien e dou mal puet chacuns son prou faire :
Par l’exemple des bons se doit-on au bien traire :
Par les faiz des mauvais qui font tout le contraire,
Se doit chacuns dou mal esloignier et retraire.

Mainz bons enseignemenz puet-on prendre en ce livre.
Qui veut des prudesomes les nobles faiz ensivre,
E lor vie mener ; savoir puet à delivre
Comment l’on doit ou siecle plus honestement vivre.

Rois qui doit tel roiaume governer et conduire,
Se doit par soi maimes endoctriner et duire,
Loiauté soutenir, et mauvaistie destruire,
Que li mauvais ne puissent au prudesomes nuire.

Li princes n’est pas sages, qui les mauvais atrait,
Li maus qui le mal pense, fait de loinz son atrait.
Et quant il voit son point, si a tost fait tel trait,
Dont il fait un fort home mehegnie et contrait.

(a) (es, c’est-à-dire es. Ce mot iés se trouve encore dans le Ms. dans la même signification. Tom. P. Ue