Page:Bouquet - Recueil des Historiens des Gaules et de la France, 20.djvu/13

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7m PRÉFACE.

En effet, si adoptant pour les volumes qui vont être entrepris, un système contraire on y faisait entrer tout ce’qu ont raconté des deux croisades de saint Louis les écrivains occidentaux et orientaux de son siècle et de l’âge suivant, l’amas de ces relations rendrait plus sensible l’absence de celles qui auraient dû pareillement grossir les parties de la collection consacrées aux règnes précédents à partir de l’an iog5. On avouerait, par ce changement de méthode, que c’étaient là de véritables omissions, et il ne resterait plus d’autre moyen de les réparer, de compléter le recueil, d’y établir quelque uniformité que de publier comme suppléments au tome XII et aux sept suivants, tous les historiens des quatre premières croisades. Alors même qu’on se contenterait d’extraire de leurs livres ce qui se rattache le plus immédiatement à la France, ces additions deviendraient encore assez considérables pour déranger Tordre et rompre’l’enchaînement des volumes de la collection. A notre avis, un recueil spécial et complet de tous les historiens des expéditions chrétiennes en Orient serait une entreprise, à tous égards, plus digne de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

« Plusieurs des membres de cette compagnie sont préparés à de pareils travaux et à de bien plus difficiles, par une profonde connaissance des langues des littératures et des annales de tous les peuples orientaux l’Académie est sûre d*avançe_-qu’ils donneront à ce recueil toute l’exactitude qu’il exige, toute la perfection à laquelle il peut aspirer. Elle possède à un tel point les moyens de rendre à la science historique ce nouveau service, que nous oserions l’en déclarer débitrice ; et il s’agit d’ailleurs d’une publication si nécessaire, si généralement désirée, si impatiemment attendue, qu’il n’est pas permis de douter de l’approbation qu’obtiendraient du Gouvernement les résolutions que l’Académie aurait à prendre sur un tel sujet. Dans le cas même où ce surcroît dé travail obligerait d’ajouter une modique somme au fonds annuel dont elle dispose, nous ne saurions prévoir aucune sorte d’obstacle à un si utile emploi d’une si faible parcelle des revenus publics. « Nous avons donc l’honneur de lui proposer d’entreprendre la publication d’un Recueil spécial et complet des historiens originaux des croisades, et de maintenir ainsi la disposition qui a écarté cette classe d’historiens de la collection des monuments écrits de l’histoire de France. • Ce sont ht deux classes de livres qui, sans doute, auront des points de contact, mais qu’il ne sera presque jamais diflicile de bien distinguer il s’agira de reconnaître, d’une part, ceux qui ont pour unique et principal objet les expéditions à la Terre-Sainte, et dans lesquels les Français n’apparaissent qu’à a raison de leur concours à ces entreprises ; de l’autre, ceux qui sont consacrés à l’ensemble ou à cerjkùnes parties de nos propres annales françaises el qui, au milieu des détails qu’ils embrassent, comprennent, selon qu’il y a lieu la part que, chez nous comme chez nos voisins, les rois, les seigneurs et les peuples ont prise à ces grands mouvements de l’Europe chrétienne. Il n’cst plus question de retrancher de nos chroniques générales, ni du tableau particulier de la vie et du règne d’un monarque français, les articles qui concernent les croisades ; celait mutiler sans besoin et sans prolit notre histoire nationale : les Bénédictins, qui semblaient d’abord s’être imposé une obligation si pénible, ont été plus d’une fois entraînés à sen dispenser ; et l’on voit que Brial allait finir par renoncer tout à fait à la remplir. Mais ce serait une autre manière de dénaturer cette même histoire de France, que d’y transporter des partie*» considérables de celle de l’Orient et de presque tout l’Occident, durant deux siècles.