ces navires ont fait voile vers les côtes de Boston et de la Caroline. Les gens du Cap, les Boudrot, Charles Dugas et les Guilbaud, deux familles des Grangé, qui étaient dans un de ces navires, se sont révoltés, et, sans aucune defense des Anglais, se sont rendus maîtres du navire et ont arrivé heureusement à la rivière Saint-Jean, d’où nous avons l’honneur de vous écrire. Nous y avons trouvé un accueil favorable dans la personne de M. de Boishébert…
« Nous avons appris par d’autres Acadiens qui se sont sauvés de la Caroline, que la maladie s’est mise dans deux navires, ce qui a fait mourir un grand nombre des nôtres ; de plus que les Blanc, Gosme, Louis Prudent et quelques autres, sont à Boston et aux environs… Nous sommes sur le point de partir pour le Canada, parce que les vivres sont fort rares ici ”
Ont signé : Denis Saint-Seine, Charles Dugas, Joseph Guilbaud, Pierre Gourdeau, Denis Saint-Seine, fils ; au nom de tous les autres habitants. — Rameau, La France aux Colonies, (notes), p. 187.
Il m’est impossible de charger de plus de notes un livre dont le caractère ne peut en comporter un grand nombre ; je prie les personnes qui désireraient avoir des renseignements plus nombreux sur l’Acadie de consulter l’excellent ouvrage de M. Rameau, La France aux Colonies ; ils apprendront dans ce bon livre ce que sont devenus les pauvres proscrits que la Providence a laissé survivre aux malheurs de leur patrie ; et ils y trouveront en outre l’indication de toutes les sources où cet écrivain a puisé ses renseignements. Cette lecture m’a, plus que toute autre, inspiré de la vénération et de l’amour pour nos infortunés pères et m’a beaucoup servi dans la tâche que j’avais entreprise : j’ai voulu simplement populariser par un récit dramatique une histoire dont M. Rameau a groupé tous les éléments avec tant de patience et d’intérêt ; je m’empresse de lui faire hommage du peu de mérite de mon travail.
M. Rameau, par son œuvre, par ses sympathies et par les relations qui ne cessent d’être pour nous utiles et agréables, est devenu un de nos compatriotes ; nous ne pouvons pas assez nous en féliciter. C’est en rencontrant des hommes comme lui que nous sentons disparaître les conséquences du mal arrivé à nos ayeux ; ils nous relient à notre ancienne patrie par les liens de l’intelligence et du cœur, qui sont bien autrement forts que les simples liens politiques.