Page:Bourdaret - En Corée.djvu/129

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français, en face de Tai-hane-moun, la porte d’entrée principale du palais. Elle s’ouvre aux jours de sortie de Sa Majesté, sur la quadruple rangée des bataillons coréens, de la double haïe des kissos[1] armés de leurs lances, de leurs hallebardes, de leurs lanternes ou de leurs étendards, compléments habituels d’une sortie officielle.

Le chemin que doit suivre Sa Majesté, qui ne sort que pour se rendre à quelque sacrifice important, est marqué par une ligne de sable. Ces sorties, les gros événements de la capitale, permettent au peuple d’entrevoir le souverain, souriant à tous dans sa chaise jaune impériale, gardée par des eunuques et des agents de police.

Voilà des factionnaires dans leur guérite. Ils ne semblent guère se soucier du sergent de ronde, et leur attitude jure beaucoup avec l’aspect guerrier de la ville, où on ne rencontre que des soldats, baïonnette au canon.

Pendant la faction, ces jeunes troupiers, pour qui la discipline n’est guère sévère, se servent de leur arme pour se battre entre eux, ou bien ils font des commandements et des pas de parade devant leurs guérites, sautent en s’appuyant sur leur fusil, et autres exercices du même goût, tandis que l’on aperçoit leur caleçon par le fond de culotte trop largement entre-bâillé… Voilà le soldat coréen : enfant, oisif, dépenaillé, n’ayant nullement l’allure martiale qui conviendrait à ce petit pays. La discipline existe à peine, et à part quelques jeunes officiers qui ont bonne allure sous l’uniforme, le por-

  1. Gardes officiels, parmi lesquels on recrute les portiers (kavass) des légations et des ministères.