Page:Bourdaret - En Corée.djvu/142

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L’orchestre est absurde et détestable pour nos oreilles d’Occidental. Les Coréens lui trouvent, au contraire, un charme infini ! La mesure est lente et marquée par le tambour, tandis que les fifres et les violons émettent des sons peu harmonieux, rappelant des airs vieillots.

Parmi les danses représentées au palais, la plus gracieuse, la plus poétique est celle du Lotus. Un bassin plein de fleurs et de verdure est apporté au milieu de la salle. Au centre de ce bassin se trouve un énorme lotus prêt à s’entr’ouvrir. Deux cigognes s’en approchent. Ce sont deux danseurs fort bien déguisés, et très habiles à faire manœuvrer avec grâce le bec et les ailes de ces oiseaux faits de papier et de soie.

Les cigognes se mettent à sautiller, à voler, à tourner autour du bassin, à seule fin de s’emparer du lotus qu’elles convoitent. Après mille évolutions manifestant la joie qu’elles éprouvent devant leur trouvaille, mille pas rythmés par l’orchestre, elles approchent de plus en plus et déjà leur bec effleure les pétales, lorsque, du cœur entr’ouvert de la fleur, s’échappe soudain une petite kissan. Sa grâce et sa jeunesse émerveillent pendant quelques instants les cigognes, subitement éprises de la jeune fille qui, à leur grand chagrin, s’enfuit en laissant aux spectateurs eux-mêmes une impression charmante.

Dans un autre divertissement, les ballerines viennent les unes après les autres, en dansant lentement, devant un haut écran de bois rouge percé d’un trou circulaire à la partie supérieure. Elles ont en main une balle et font le simulacre, avec des gestes gracieux des bras et des mains, de la lancer de