Page:Bourdaret - En Corée.djvu/375

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mineux turban. Ici, tout est sale et peu intéressant.

Rien de remarquable dans le nouveau palais que l’on construit en l’honneur de la dynastie actuelle. La salle d’audience est mesquine ; elle n’a pas la hardiesse de celles des vieux palais de Seoul et même du nouveau.

Je reviens à mon auberge japonaise, par le bord du fleuve, où règne une grande animation. On charge et décharge des jonques jusqu’à la nuit, et je ne puis n’empêcher de constater la différence qui existe entre les berges animées de ce beau fleuve et celles désertes du Hane-kang. Le grand commerce de cette ville est celui des grains, des céréales que produit toute la province, car le riz cesse d’être cultivé à partir de Song-to, lorsqu’on remonte au nord de la Corée.

Après les détestables auberges de la route, j’apprécie la propreté de mon logis de ce soir, les nattes immaculées de ma chambre. Du balcon, qui a vue sur le fleuve, je regarde les jonques se balancer mollement, et s’éclairer peu à peu à la nuit tombante, de fanaux hissés au mât. J’admire le va-et-vient du port ; le calme et le silence avec lesquels travaillent tous ces colporteurs infatigables, ces débardeurs faisant la navette entre les jonques et le quai et accumulant au grand air sacs de sel, sacs de grains, sacs de riz, tas de paille et fagots de bois, branchages descendus par le fleuve. En voyant la file continue des porteurs d’eau qui viennent puiser dans le fleuve et sont indéfiniment remplacés par d’autres, on songe au supplice des Danaïdes. Il n’y a pas de puits à Pieun-yang. La croyance populaire a donné à la cité, entourée de ses collines peu élevées, la forme d’un bateau. Pour cette raison, on ne peut pas creuser des puits de crainte d’en percer le fond : de là