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frappée par ces divagations démoniaques qu’elles succombent devant la résistance de leur famille.

Quand une fille noble est possédée par le démon, on la tue, ou l’on s’en débarrasse, pour que la disgrâce ne retombe pas sur toute la famille. Celle qui embrasse sa nouvelle vocation quitte les siens, et va habiter la maison d’une « moutang » décédée dont elle prend les vêtements et les instruments. Cette prise de possession s’accompagne, bien entendu, d’exorcismes. Elle inscrit ensuite son nom sur une tablette, qu’elle place dans une chambre, et commence à exercer son métier.

Toute « moutang » doit posséder plusieurs robes, dont quelques-unes très coûteuses, un tambourin de forme spéciale, des cymbales en cuivre, une baguette en cuivre surmontée de clochettes, des bandes de soie, des bannières qu’elle déploie quand elle danse, des éventails, des ombrelles, des baguettes magiques, des images d’hommes et d’animaux, des gongs, et une paire de paniers allongés employés — comme nous l’avons dit précédemment — pour s’emparer de l’esprit de certaines maladies, que l’on attire au moyen de grattements. La pratique des exorcismes entraîne certains jeûnes. Il arrive parfois que les sorcières mettent une telle frénésie dans leurs danses qu’elles tombent inanimées, l’écume à la bouche, et ont besoin de soins empressés pour échapper à la mort. Elles gagnent très largement leur vie et celle de leur famille. Aussi trouvent-elles parfois à se marier, mais, dans l’esprit de l’astucieux mari, c’est à seule fin d’avoir toujours une table bien garnie. Les sorcières de bonne famille exercent à domicile, et sont enterrées sur un flanc de coteau, avec les instruments de leur profession.

Les esprits et les démons qui peuplent l’univers des Coréens sont innombrables. Nous indiquerons — d’après le Rév. Jones — les plus connus. Il faut ajouter qu’en dépit de la plus que certaine origine indigène de ce culte de la nature et de toute cette démonolâtrie, c’est sous la forme chinoise qu’il est surtout pratiqué, en ce sens que l’on retrouve, dans toutes