Page:Bourdel, Charles - La science et la philosophie.djvu/11

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la philosophie soit en l’absorbant, soit en supprimant son objet propre et son problème.


Le conflit est grave, et intéresse non seulement la théorie, c’est-à-dire l’explication des choses que la philosophie et la science tentent par des voies diverses, mais encore la pratique, c’est-à-dire en somme la conduite. Faut-il nous en remettre entièrement à la science du soin de notre direction, au risque de méconnaître les suggestions de la conscience, ou bien faut-il en matière de morale faire passer avant les conseils plus ou moins fondés de la science les ordres impérieux de notre raison intérieure? D’autre part, maintenant, la science satisfait-elle pleinement notre besoin de connaître, et suffit-elle à mettre dans les choses l’unité impérieusement réclamée par l’esprit? Il n’y a pas à l’heure qu’il est de problème qui domine celui-là, et toutes les questions dans l’ordre spéculatif, aussi bien que dans l’ordre pratique, moral, social et politique, s’y rattachent.


Or, pour se prononcer dans un si grave conflit il faut essayer de déterminer avec précision l’objet propre de la science, sa méthode, ses résultats; alors seulement nous serons en état de décider si la science épuise toutes les questions, satisfait à tous les besoins de la pensée, ou bien si,