Page:Bourdel, Charles - La science et la philosophie.djvu/16

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expériences et à son imagination; et il serait bien téméraire d’affirmer que les explications les plus grossières, les plus puériles aux yeux de la science moderne, n’ont pas donné à ceux qui les ont inventées ou acceptées la même quiétude et la même certitude que nous donnent aujourd’hui les solutions les plus éprouvées et les mieux démontrées Le sauvage fétichiste qui met des dieux dans les arbres et les pierres, qui explique leurs propriétés bienfaisantes ou nuisibles par la volonté propice ou hostile de ces dieux, trouve apparemment dans cette représentation des choses la même sécurité intellectuelle que nous trouvons nous-mêmes dans le système de la nature que nous enseigne la science positive.

Est-ce à dire toutefois que toutes ces explications se valent, qu’il n’y a pas de progrès des unes aux autres, que nous ne sommes pas plus avancés aujourd’hui dans la connaissance de l’univers que les Grecs de temps d’Homère, et qu’en somme la leçon qui se dégage de l’histoire de la science est une leçon de scepticisme? Assurément non. Nous connaissons plus de choses que les anciens, et celles que nous connaissons, nous les connaissons mieux. Par quoi donc notre connaissance, notre mode d’explication se distingue-t-il? En quoi con-