sante de force avide et de beauté sauvage, messagère d’Odin chevauchant les nues, elle glisse dans un vol d’épopée, pareille à une figure de légende.
Je ne puis me tenir de dire à la comtesse :
— Retournez-vous, Madame. Voyez cette Walkyrie. Qui donc est-elle ?
La comtesse part d’un grand éclat de rire :
— Comment ! Vous ne savez pas ? Mais c’est Alexandrine, c’est Sacha, notre fille cadette ! Elle a dix-neuf ans. Elle est de l’année de la Sonate à Kreutzer. Vous la voyez, elle se plaît à tous les exercices physiques, à tous les jeux violents, elle aime le froid, la neige, les rudes hivers, dédaigneuse des recherches de toilette, des mille petites coquetteries des femmes. C’est un tempérament ardent, un cœur viril. Avec cela, une fierté et une noblesse d’âme indomptables. Ah ! elle est bien la fille de son père ! Il faisait autrefois, pour nos paysans, un cours où il leur enseignait les premiers rudiments de la connaissance. Depuis qu’il a dû y renoncer, c’est Sacha qui le remplace. Tous les matins, elle réunit en classe les enfants du village.