vous montrerai mon chef-d’œuvre… Vous voyez que le temps passe tout de même assez agréablement à Iasnaïa Poliana ?
Ainsi la comtesse Tolstoï jetait au vent de la course des propos sans fin. Nous parlions intarissablement. Elle me citait les noms de quelques-uns des visiteurs de Iasnaïa Poliana : l’américain Bryan, arrivé au milieu de la nuit, à 4 heures du matin ; Paul Déroulède, « qui est si amusant et qui les a tant fait rire ». Elle me contait cette jolie anecdote du tsar Paul, écrivant à peu près ceci au général en chef de l’armée de Crimée, alors que le jeune Léon Tolstoï, à Sébastopol, était enfermé dans le fameux et terrible 4e Bastion, d’héroïque mémoire : « Rappelez à vous ce jeune officier. Il ne faut pas permettre qu’il puisse arriver malheur à un homme qui fait tant d’honneur à la Russie. »
Son âme agile et sérieuse se répandait avec une abondance charmante. Elle ne paraissait pas sentir le froid. Nous allions