journal russe, sous le guet de la censure, ce que je pense de la guerre ?
Il inspecte les adresses. Il saisit une grande enveloppe dont il reconnaît aussitôt la provenance :
— Ah ! dit-il, voilà justement une lettre de Veregin, le chef des Doukhobors !
Il la lit, et, tout en lisant :
— C’est bien ce que je vous disais. Tout va très bien là-bas. Veregin, qui est un homme admirable, a remis toutes choses en ordre, et la paix est revenue entre les Doukhobors et les Canadiens.
Comme Tolstoï a posé la lettre de Veregin, je lui demande :
— Les Doukhobors vous paraissent-ils réaliser intégralement les principes de vie individuelle et de vie sociale qui sont les vôtres ? Je veux dire : Sont-ils, selon vous, parvenus au perfectionnement intégral ?
Tolstoï me regarde droit dans les yeux, réfléchit un moment, puis, avec gravité, il prononce :
— Je le crois vraiment. Ils sont bons chrétiens. Ils ne tuent, ni ne volent, ni ne