pas bonne, il ne peut s’arrêter. Et les hommes, étourdis, abrutis, continuent l’œuvre terrible.
C’est merveille de voir à quel point une insignifiante dispute peut, grâce à la diplomatie et aux journaux, se transformer en une guerre sainte. Quand l’Angleterre et la France ont déclaré la guerre à la Russie, en 1856, ç’a été pour une raison tellement infime qu’en cherchant dans les archives diplomatiques on arrive à grand’peine à la découvrir… La mort de cinq cent mille braves gens, la dépense de cinq ou six milliards, voilà les conséquences de cet obscur conflit.
Au fond, pourtant, il y avait des motifs. Mais combien peu avouables ! Napoléon III voulait, par l’alliance anglaise et une guerre heureuse, consolider sa dynastie et son pouvoir de criminelle origine. Les Russes prétendaient envahir Constantinople. Les Anglais voulaient assurer le triomphe de leur commerce et empêcher la suprématie de la Russie en Orient. Sous une forme ou sous une autre, c’est toujours l’esprit de conquête ou de violence. (Charles Richet, Les guerres et la paix, p. 16.)