Page:Bourdon - En écoutant Tolstoï.djvu/298

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— Croyez-moi, l’Empereur ne fera pas de concessions.

— Je prévois donc qu’il y aura guerre malheureusement, qu’il y aura bien du sang répandu, bien des malheureuses victimes.

— Ne croyez pas cela ; tout au plus dix mille hommes qui périront des deux côtés, et voilà tout.

« Tis mille hommes et foilà tout », dit Dibitch avec son accent allemand, tout à fait convaincu que lui, avec un autre homme aussi cruel et aussi étranger que lui à la vie russe et polonaise, l’empereur Nicolas, a tout droit de conduire ou non à la mort des dizaines, des centaines de mille Russes et Polonais. En lisant ces lignes, on ne croit pas que cela ait pu se passer. Cela paraît insensé et terrible. Et cependant cela fut : 60.000 vies, soixante mille soutiens de famille périrent par la volonté de ces hommes. Maintenant se passe la même chose.

Pour ne pas laisser entrer les Japonais en Mandchourie et les chasser de la Corée, il faudra, selon toutes probabilités, non pas dix, mais cinquante mille hommes et plus. Je ne