Mais quand tout cela finira-t-il ? Quand, enfin, les hommes trompés se ressaisiront-ils et diront-ils : « Vous, rois, Mikado, ministres, métropolites, prêtres, généraux, journalistes, hommes d’affaires, quelque noms qu’on vous donne, vous, les sans pitié, allez sous les balles et les obus, mais nous, nous n’irons pas ! Laissez-nous tranquilles, laissez-nous labourer, semer. » Ce serait si naturel de dire cela, maintenant que, chez nous, en Russie, des centaines de mille mères, femmes et enfants à qui on a pris leurs soutiens, les réservistes comme on les appelle, dont la plupart savent lire, connaissent ce que c’est que l’Extrême-Orient, savent qu’on fait la guerre, non pour une œuvre nécessaire aux Russes, mais pour une terre étrangère sur laquelle il était avantageux à quelques hommes d’affaires de construire des chemins de fer et d’ériger leurs fortunes. Ils savent ou peuvent savoir aussi qu’on les tuera comme des moutons à l’abattoir parce que les Japonais ont des engins de meurtre plus perfectionnés que nous n’avons pas, puisque les autorités russes qui les envoient à la mort n’ont pas eu la prévoyance