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Page:Bourdon - En écoutant Tolstoï.djvu/38

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on s’entendrait avec le Japon… Et, à Alexeiev qui demandait des ordres d’offensive, on prescrivait de se tenir tranquille ; à la presse, qui s’échauffait, on enjoignait de modérer le ton ; le Journal de Saint-Pétersbourg, un peu plus tard, était frappé pour avoir publié la fausse nouvelle d’une défaite japonaise ; l’Empereur, adressant un manifeste à son peuple, n’y parlait que d’expectative et de rendre les coups que d’aventure on lui porterait…

Il fallut l’attaque de Port-Arthur pour balayer la chimère de la paix. Merveilleuse découverte ! Le Japonais avait dix ans de préparation guerrière intensive ; contre la cible russe il fourbissait ses armes aiguës ; à l’univers entier, la fatalité de l’affreuse guerre était apparue, pour l’heure que fixerait le Japon ; et ce grand mystère aveuglant, qui courait le monde, n’avait rencontré sur toute la terre qu’une barrière : la muraille de l’indolence russe. Le Slave est intelligent et astucieux, mais mobile et fragile. Il a l’âme bouddhiste. Il croit à l’indestructible volonté du Destin ; il n’essaye point