Page:Bourdon - En écoutant Tolstoï.djvu/46

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comte Tolstoï, qu’il me faut pour cela un traîneau, que ce traîneau devra me ramener le soir à Toula, et comment discuter le prix ? Avec ce que j’ai retenu de russe, avec ce que je sais d’allemand, avec les ressources restreintes de la pantomime, je m’épuise à exprimer l’idée de « traîneau ». Le jeune directeur de l’hôtel m’écoute, me regarde, fait de son mieux, lui aussi. Enfin, après un long temps, il comprend, son visage s’illumine, et il s’écrie :

Ah ! ia, ia… Ein « fiacre » ?…

Voilà donc le mot « russe » que je cherchais !

Bref on finit par découvrir dans l’hôtel un voyageur, ancien officier, qui parle français. Il me sert obligeamment d’interprète, et, une demi-heure après, je m’installe dans une boîte sans nom, mal équarrie, accroupie sur deux gros madriers formant patins, et qui n’a même pas de siège. Je m’assieds sur une botte de paille, et l’on me favorise d’une vieille couverture de laine rouge trouée comme une passoire.

La campagne est désolée. Le ciel est gris,