ignorent la notion du devoir. Faire son devoir, sait-on seulement ce que ces mots-là expriment ? Supérieur aux devoirs que l’on rend à la famille, à la patrie ; à la société, il y a le devoir envers Dieu, « si vous me permettez ce mot », ou, si le mot vous gêne, envers le Tout, avec un grand T. Ce Tout, que j’appelle Dieu, est au-dessus des controverses individuelles. Quoi que je fasse, je ne puis faire que je n’appartienne pas à un ensemble, que je ne sois pas partie dans une harmonie. La conscience que j’ai de la relation de mon être avec cette harmonie, c’est ce que l’on appelle habituellement l’esprit religieux, et c’est cette conscience qui nous dicte nos devoirs. Mais ces notions essentielles, les hommes les oublient. Lisent-ils seulement le livre des livres, l’Évangile ? Et ils s’obstinent dans l’état de barbarie. Et nous les voyons alors s’engager délibérément dans des guerres affreuses, sans se dire que le premier devoir, l’essentiel devoir d’êtres pensants est d’abolir la guerre.
Le maître fit une pause et, d’une voix plus basse, il reprit :