Page:Bourgeois - Manuel historique de politique étrangère, tome 4.djvu/7

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AVERTISSEMENT

Lorsque je publiais, il y a vingt ans, le tome III de cet ouvrage, j’avais éprouvé bien des hésitations à poursuivre, même jusqu’à l’époque du traité de Berlin, ces études sur l’histoire diplomatique du Temps Présent. L’utilité de ma tâche, telle que je l’avais conçue et exposée au début de ce long travail, m’avait cependant décidé, et depuis, peut-être excusé. Je la croyais alors achevée.

Les grands événements qui se sont accomplis depuis 1914 m’ont invité à la reprendre. Un conflit tel que l’histoire n’en a pas encore connu, la « Grande Guerre », l’effondrement de quatre Empires, Etats séculaires dont les souverains s’étaient imposés à l’Europe par la politique et la conquête, tant de peuples associés ou intéressés à cette lutte de cinq années, l’opposition victorieuse enfin des démocraties modernes aux régimes d’autorité, aux systèmes du militarisme et des alliances secrètes menaçant pour les peuples et le droit, autant de lumières qui sont venues éclairer le passé de la France et de l’Europe, autant de faits considérables qu’expliquent seules les transformations politiques, économiques et sociales du monde tout entier désormais entré dans l’histoire.

Pouvais-je, ayant entrepris cet ouvrage en 1892 « pour inviter les Français, et les aider à des examens minutieux et constants de l’Europe et du monde », me dérober moi-même à l’examen d’une époque où se sont jouées, où se préparent encore les destinées de notre pays ? Je ne l’ai pas pensé. Nul mieux que moi ne connaît, d’ailleurs, après sept ans de recherches dans les archives dont j’ai pu avoir l’accès, et par la critique atten-