comme l’état nécessaire d’une société véritablement humaine. Mais ils savent que cette société n’existera dans les faits que lorsqu’elle aura d’abord été constituée dans les consciences, et ils ne s’étonnent, ni ne se découragent des retards, des insuccès, des retours momentanés en arrière, qui sont inévitables dans toute entreprise d’éducation.
Aussi bien, les faits les plus tristes portent ici leurs enseignements consolants.
Il faut d’abord écarter les événements d’Extrême-Orient. Il n’y a pas là de guerre entre nations civilisées. Il y a eu une explosion de la barbarie, malheureusement provoquée par l’âpreté des convoitises commerciales, facilitée par des fournitures d’armes, aggravée par le conflit des passions religieuses. Mais en somme, la civilisation est tout entière groupée sous les drapeaux alliés. Si la sagesse prévaut dans les conseils de l’Occident, il peut sortir un bien durable de cette union pour la première fois réalisée.
Pour la guerre du Transvaal, il semble au contraire que rien ne puisse consoler les partisans du droit et de la paix. Qu’une grande nation libérale se soit laissé entraîner à entreprendre la conquête du petit peuple dont la résistance héroïque a fait l’admiration du monde, c’est un deuil pour la civilisation.
Mais, n’est-ce pas une chose admirable qu’en Angleterre même, de fermes esprits n’aient cessé de protester et de réagir, au prix d’un véritable péril, au nom du Droit et de l’Humanité, et qu’au Congrès de la Paix qui vient de se tenir à Paris,