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la société des nations

étendre entre eux, comme on l’a dit, l’empire du droit, à garantir à tous, équitablement, sous le règne bienfaisant de la paix, leur évolution naturelle, à faire, en deux mots, que le développement de chacun se continue librement mais justement, c’est-à-dire sans atteinte au droit semblable de chacun des autres.

Ce n’est pas une rêverie, c’est une vérité d’expérience qui chaque jour se vérifie entre les nations comme entre les individus, qu’un réseau toujours plus serré d’intérêts communs unit les êtres vivants. Les échanges de toutes sortes, matériels, économiques, intellectuels et moraux ne cessent de s’accroître et la solidarité qui en résulte entre les nations est tellement étroite aujourd’hui que le trouble apporté entre deux seulement d’entre elles, dans leurs relations de droit et de paix, a son immédiate répercussion sur toutes les autres nations.

Qu’il y ait ici un centre où ces intérêts communs se reconnaissent et se définissent dans des conférences universelles où leur garantie réciproque est assurée par des conventions d’arbitrage ou de juridiction internationale, ce n’est pour aucune d’elles une menace, c’est pour toutes une sauvegarde.

En consentant dans une mesure prudente et sage, pour des objets nettement déterminés et choisis après un examen attentif, à soumettre aux décisions arbitrales les conflits que peuvent