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Page:Bourgeois - Solidarité, 3e éd., Armand Colin, 1902.djvu/168

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APPENDICES

Mais pour que ces leçons soient efficaces, pour que ces préceptes se traduisent en actes, pour que le sentiment de la solidarité se détermine en une volonté ferme et durable, pour que se réalise un état supérieur de l’être où, suivant une énergique expression, « l’on vit dans nous et dans chacun comme on sent chacun de ses semblables vivre en soi »[1], il ne suffit pas d’une vue d’ensemble des choses, d’une sorte de conception purement philosophique du monde et de la société.

Une telle conception peut favoriser les penchants généreux, amener d’heureux rapprochements, augmenter le nombre des bonnes actions, des dévouements, des sacrifices, rendre l’altruisme plus étendu, plus agissant. Elle peut, en somme, resserrer entre les hommes les liens de la vie morale, mais elle ne peut prétendre à fonder entre eux une règle nouvelle de droit social.

Ce qu’il faut savoir, et ce qu’une analyse précise des conditions objectives de la solidarité peut seule nous apprendre, c’est si les lois de cette solidarité contiennent les fondements d’un véritable droit humain, si leur application peut conduire à une organisation positive où l’accomplissement des obligations sociales mutuelles prendra l’impérieuse évidence d’un acte de

  1. Benjamin Constant