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Page:Bourges - Le Crépuscule des dieux, 1901.djvu/26

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le crépuscule des dieux

du corps. Les feux se reflétaient dans leurs casques empanachés, et botte à botte, gravement, ils marchaient au plus petit pas. Puis venaient la livrée du Duc, les piqueurs vêtus d’habits vert sombre, les officiers de sa maison, valets de chambre, sommeliers, maîtres d’hôtel tenant à la main des bâtons cerclés de vermeil et sommés du Cheval-Passant ; et enfin, à vingt pas d’intervalle, seul au milieu de l’avenue, le carrosse ducal apparut.

Il était traîné par huit chevaux blancs, couverts de housses, et conduits à la main. Tout en glaces et le toit doré, qui portait à l’entour d’une couronne d’or, des Renommées sonnant de la trompette, il roulait avec majesté sur quatre énormes roues dorées, aux jantes flamboyantes, cerclées de vermeil ; et de l’acrotère aux essieux, siège, rinceaux, soupentes, portières, la lourde et superbe machine éblouissait d’or, comme un soleil. Un cocher poudré la menait, le lampion sous le bras ; deux heiduques à chapeau de coq, suspendus par derrière aux embrasses, ne remuaient pas plus que des statues ; et au fond du carrosse, seul, et son lévrier devant lui, vautré sur les coussins de soie cramoisie, on apercevait le duc Charles.

Le carrosse tourna se ranger au perron, où la lumière crue des lampions tombant sur lui, le faisait miroiter extraordinairement. Alors des clairons sonnèrent, une voix jeta des commande-